Je suis assise sur les chiottes. Un trône de faïence pour une reine de strass, pour pisser toute ma tristesse.
Le bagad de Lann Bihouë défile en boucle sous mes yeux
tu la voyais pas comme ça ta vie, tu la voyais grande et c'est une toute petite vie
Je voudrais rentrer chez moi, être seule et dormir jusqu'à 1000 ans, arrêter de combler les blancs parce qu'ils me font peur, arrêter de chercher à consumer l'existence avant qu'elle s'éteigne.
Je voudrais être vieille, et qu'on me laisse seule, pourrir dans un coin, attendre la grande Faucheuse dans cette sérénité des vieux qui ont déjà trop vécu.
Sa main s'est posée sur ma taille parcqu'il fallait bien la poser quelque part, je me sentais de trop, pas à ma place, pas comme il faudrait. J'ai rien fait pour que ça change, j'ai pas bougé, je n'étais pas là, déjà rentrée ailleurs.
Je regarde l'espace entre le WC et la douche, c'est tout petit.
Trop petit pour s'y coucher
Trop petit pour s'y fondre
Trop petit pour s'y emmurer
Le tête coincée entre l'évier et l'armoire, les pieds sur le mur, le dos bien parallèle à la paroi de la douche, ça semblait faisable. Dormir, dormir, là, 1000 ans, recroquevillée et attendre que ça passe.
Comme avant, attendre la fin des nuits qui durent trop.
Dormir 1000 vies.
Assise sur le rebord de la douche, j'allume une clope. j'ai essayé, ça ne marche pas. Mes genoux se cognent, mes coudes s'écorchent, y'a pas la place. C'est une toute petite vie, une toute petite vie...